Broches, vis, plaques, clous : les enlever… ou pas ?

Chaque année, après une fracture d’un os ou d’une articulation, des centaines de milliers de patients ressortent des blocs opératoires de chirurgie orthopédique avec des implants métalliques fixés sur un ou plusieurs de leurs os. Servant à fixer en bonne position les différents fragments de la fracture pendant que celle-ci consolide, ces broches, vis, plaques-vissées ou clous peuvent être retirés après consolidation lors d’une nouvelle intervention ou, au contraire, rester en place. C’est le chirurgien orthopédiste qui en décidera avec chaque patient en apportant une réponse individualisée à son cas.

Qu’est-ce que l’ostéosynthèse ?

L’ostéosynthèse est une intervention de chirurgie osseuse très répandue. Elle consiste après avoir remis en bonne place les fragments d’un os cassé (la « réduction »), à les maintenir entre eux jusque ce que la fracture consolide. L’ostéosynthèse est utilisée lorsque les autres moyens de contention, tels que les plâtres, par exemple, ne suffisent pas. Elle est de même réalisée avec les mêmes buts après correction chirurgicale des déformations du squelette.

En quoi consiste une intervention d’ostéosynthèse ?

Le chirurgien orthopédiste place des implants d’ostéosynthèse à la surface des fragments d’os (pour les plaques et les vis), ou à leur intérieur-même (pour les clous et les broches). Moins fréquemment, il place un fixateur externe, un système provisoire de fixation des fragments d’os depuis l’extérieur du corps en passant à travers la peau et les muscles. Ces implants d’ostéosynthèse utilisés sont tolérés par le corps humain, non résorbables, métalliques en acier ou titane ou en alliages (avec du cobalt, du nickel ou du chrome). Leur rôle, par l’immobilité relative des fragments d’os obtenue, est de permettre la consolidation naturelle de l’os en bonne position tout en permettant souvent une rééducation fonctionnelle précoce.

                     Exemples d’implants d’ostéosynthèse

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broche de rotule
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plaque de cheville
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clou de jambe

Broche de rotule

Plaque de cheville

Clou de jambe

Combien de temps doit-on garder un implant d’ostéosynthèse ?

L’implant d’ostéosynthèse est nécessaire de quelques semaines pour les broches à généralement dix-huit mois jusqu’à la consolidation totale pour une plaque-vissée ou un clou. La décision du chirurgien orthopédiste de l’enlever ou de le garder toute la vie doit être adaptée au cas de chaque patient.

  • Chez les enfants (en cours de croissance !), une fois que la consolidation de l’os est réalisée, la décision l’ablation est systématique à l’exception des implants du rachis.
  • Chez l’adulte, une fois que la consolidation de l’os est réalisée, c'est-à-dire après des délais respectés, la décision d’ablation est systématique pour les broches d’autant que, délibérément,elles sortent  de la peau ou qu’elles sont saillantes sous la peau au coude ou à la rotule.

Pour les autres cas, de nombreux paramètres rentrent en ligne de compte pour décider ou non de retirer l’implant d’ostéosynthèse. La décision peut être prise :

  • devant une douleur ou une gêne éventuelle du patient, chez qui une vis, une plaque, un clou sont gênants sous les muscles ou les tendons, d’autant qu’ils sont proches d’une articulation.
  • de principe, face à une plaque ou un clou qui prennent les contraintes physiques à la place de l’os, os qui à la longue finit par s’atrophier au risque d’entraîner une nouvelle fracture.
  • de principe, face à une plaque près d’une articulation ou un clou à l’intérieur de l’os car ils constitueront un obstacle parfois in-enlevable pour mettre en place des années plus tard une éventuelle prothèse de hanche ou de genou.
  • exceptionnellement, pour une allergie au métal, mais plus souvent pour une infection au contact de l’implant, un implant démonté ou un implant rompu car la fracture qu’il maintenait n’a pas consolidé.

En revanche la décision ne peut être prise lorsque la fracture était due à un os trop fragile (généralement dû à l’ostéoporose), ou lorsque l’état de santé du patient est trop précaire.

Comment est retiré le matériel d’ostéosynthèse ?

Les interventions d’ablation d’implants sont de véritables interventions chirurgicales réalisées sous anesthésie locale ou générale selon le cas. Courantes, représentant 6% de toutes les opérations de chirurgie orthopédique, elles font l’objet d’une grande attention de la part des chirurgiens orthopédistes pour n’apporter que des bénéfices aux patients et éviter des complications post-opératoires. Elles s’accompagnent d’un parcours de soins comprenant un bilan clinique et radiologique par le chirurgien orthopédiste et une consultation par un anesthésiste. L’intervention peut être effectuée selon le mode ambulatoire ou exige une hospitalisation très courte. La fracture étant consolidée, la récupération est très rapide

Quels sont les risques de l’ablation des implants d’ostéosynthèse ?

Le chirurgien orthopédiste informe systématiquement le patient du rapport bénéfices potentiels / risques pour décider avec lui de la meilleure décision à prendre et l’informe des précautions post-opératoires à suivre (marche provisoire avec des béquilles, délais de reprise d’une activité sportive…). Outre les risques inhérents à toute intervention chirurgicale (infection, paralysie nerveuse, risques anesthésiques), l’ablation de matériel d’ostéosynthèse peut exceptionnellement s’accompagner d’une fracture en cours d’intervention, mais surtout il existe un risque de re-fracture dans les semaines qui suivent si la fracture n’était pas suffisamment consolidée ou si les efforts appliqués sur l’os précocement après l’ablation sont trop importants.

A retenir

Cette intervention chirurgicale, non obligatoire, sans prendre de risques, apporte au patient, moyennant quelques précautions, de réels bénéfices en termes de confort ainsi que des bénéfices ultérieurs que lui expliquera son chirurgien orthopédiste.

Cet article a été rédigé avec le concours du Docteur Jean-Christophe Bel, chirurgien orthopédiste et traumatologue à l’Hôpital Edouard Herriot de Lyon (HCL) , membre de la SOFCOT.