Hommage à Jean Claude Rey qui nous a quitté le 17 mai 2024
Henry Parent, Christian Morin
Jean Claude Rey est né le 11 juillet 1928 A Moka à l’ile Maurice
Il sera interne des hôpitaux de Paris en 1956 et ensuite chef de clinique dans le service du professeur Cauchoix à l’Hôpital Beaujon.
La carrière professionnelle de Jean Claude Rey commencera à l’Institut Calot de Berck en 1962, où il exercera pendant près de 7 ans, quittant ensuite les rivages ventés de la côte d’opale pour la douceur angevine. Ce fut une époque qu’il qualifiera de fructueuse et riche en amitiés, amitiés qu’il liera non seulement avec ses collègues de l’Institut Calot, tout particulièrement Gaston Héripret et Georges Morel, mais aussi avec ceux des Établissements Hélio-marins et de la Fondation Franco Américaine. Il relatera cette période en 2004 à Angers lors d’une séance de la société française d’histoire de la médecine*. Féru d’histoire de la médecine il en produisit de nombreuses publications dont nous citerons une histoire des traitements de la scoliose** et une biographie passionnante d’un « pays » Charles Brown-Séquard***.
Durant cette période « calotine » relativement courte, Jean Claude Rey introduira dans cet Institut, dirigé par son maitre et ami Jean Cauchoix, de nombreuses techniques chirurgicales ayant vues le jour dans le monde anglo-saxon. Son esprit curieux mais critique, sa parfaite connaissance de la langue de Shakespeare (cf son glossaire des termes de chirurgie orthopédique ****) lui feront découvrir et diffuser dans le Berck médical, avant bien d’autres, ces opérations qui ont marqué une époque : la tige de Harrington (1963) ce qui ne se serait pas fait, disait-on, avec le complet assentiment d'Yves Cotrel qui défendait à cette époque le greffon tibial, la technique de Dunn (1964) pour les épiphysiolyses à grand déplacement et enfin l’ostéotomie innominée de Salter (1961) car il avait donné à son ami Georges Morel l'information qu'un jeune chirurgien américain, installé à Toronto, utilisait en complément de la réduction chirurgicale de hanche, une intervention assez révolutionnaire et qu'il allait donner une conférence à Paris sur le sujet. Monsieur Morel s'y rendit et l'on connait la suite
C’est à l’Institut Calot enfin qu’il mit au point la fameuse rugine de Rey pour enlever le petit morceau d'articulaire inférieure permettant de faire la place pour le crochet pédiculaire.
En 1967, Jean Mallet l’appelle pour venir compléter son équipe à la clinique Saint Léonard d’Angers
Avec lui, il va développer cette clinique qui va se consacrer quasi exclusivement à l’orthopédie à la fois adulte et pédiatrique créant ainsi cette spécialité à Angers. Cette orientation d’hyper-spécialité et de pôle d’excellence en orthopédie était vraiment novatrice et permettra le rayonnement de cette clinique dans tout l’Ouest de la France. Grace à son esprit entrepreneurial, il permettra d’en garder son indépendance.
Dans cette clinique, il va avec Jean Mallet, Jean Castaing et le groupe des « Dix » de l’Ouest mettre en place la Société Orthopédique de l’Ouest (SOO) dont il sera le président en 1988.
Cette société rassemble les orthopédistes du public et du privé pour produire des travaux communs publiés dans les annales du congrès annuel (AOO). Jean Claude Rey a été réacteur de cette revue qui a souvent été citée ou sélectionnée dans le Year book de la spécialité.
A la SOFCOT, il sera également très actif comme membre du comité scientifique et du centre de documentation. Il sera président du congrès en novembre 1993.
IL fut également membre très actif au sein du Groupe d’étude de la Scoliose (GES).
IL prendra sa retraite en 1993.
Comme médecin, il était un humaniste avec une éthique très forte et très apprécié de ses patients.
Passionné de science, c’était un homme très cultivé et ouvert d’esprit, bref un homme bon.
* Comité de lecture du 26 juin 2004 de la Société française d'Histoire de la Médecine.
** Histoire des Sciences médicales, 2008, 42 (1), pp. 21-28
*** Gazette de la SOFOP, 2005, 14, pp5-6
**** Glossaire français-anglais de chirurgie orthopédique, Annales Orthopédiques de l’Ouest 1993