Hommage à Norman Biga, par Franck Dujardin (CHU de Rouen)
Norman Biga s’est éteint. Après une enfance en Nouvelle Calédonie, il avait poursuivi ses études de médecine à Paris puis de chirurgie à Rouen. Ses qualités avaient été remarquées par Jacques Borde qui le recommanda à Jean-Michel Thomine, fraichement arrivé de Cochin, cherchant un assistant.
Il est dès lors resté un très fidèle adjoint, contribuant à la naissance d’un service et d’une école de Chirurgie Orthopédique au sein de la récente Faculté de Médecine de Rouen. Ses qualités professionnelles étaient marquées du dévouement à ses patients, toujours attentif à leur apporter les meilleurs soins sans jamais compter ses heures.
Il développa dans le service les chirurgies, alors émergentes, du rachis et du pied avec laquelle il acquit une notoriété nationale. Au quotidien, ses qualités s’exerçaient également à l’apprentissage du B-A-BA des gestes élémentaires aux très nombreux jeunes chirurgiens qu’il a formé, leur inculquant le socle de la chirurgie.
Le goût de la Pédagogie le conduisit d’ailleurs au poste de vice-doyen de notre UFR. Travailleur acharné, il occupait souvent ses loisirs à analyser les revues scientifiques, pour enrichir ses propres connaissances mais aussi publier une chronique mensuelle d’analyse biblio très prisée au sein de la Revue de Chirurgie Orthopédique (dont Thomine était alors le rédacteur en chef).
Il nous en relatait l’essentiel, raillant – mais jalousant peut être un peu - les « Amerlocs ». Toujours fidèle à Jean-Michel Thomine, alors Président de la Société Française de Chirurgie Orthopédique, il fut président du Congrès National. Lorsqu’il n’était plus chirurgien, il connaissait bien la musique, de Mozart à Stravinsky ; nos échanges éclectiques sur Wagner, le Baroque ou Boulez, étaient toujours riches et parfois, chez lui, agrémentés d’un bon vin dont il était très fin connaisseur.
Le drame de la disparition brutale de son fils, violoniste à l’orchestre National, à l’aube d’une belle carrière, jetât un voile sur cette passion. L’ensemble de sa carrière fut enfin saluée par une légion d’honneur, titre qui lui correspondait parfaitement, et dont il était légitimement très fier.
Ceux qui ont eu le plaisir de le côtoyer sont encore nombreux, je me joins à l’ensemble de cette équipe pour le remercier, saluer son souvenir et transmettre à Jeanine, son épouse, à Julie sa fille et à tous ses proches nos sincères condoléances et nos plus profonds regrets.